Après six décennies de vie, le glas a sonné pour le serviteur de Dieu Mgr Nicodème Barrigah-Bénissan. Homme d’Eglise au parcours exceptionnel, il a marqué sa communauté religieuse et toute la société togolaise. Désormais feu archevêque métropolitain de Lomé, il est décédé dimanche 4 août 2024 dans un hôpital de la capitale togolaise à l’âge de 61 ans. Selon des indiscrétions, il était malade depuis quelque temps. Cependant son rôle majeur dans l’histoire politique du Togo et ses œuvres artistiques laissent un héritage significatif pour le peuple togolais.
Connu pour sa carrière musicale et dramaturgique, il était un auteur-compositeur prolifique avec à son actif une centaine de chants. De 2008 à 2010, il rédigea “À l’écoute de la parole”, un livret de commentaires des Évangiles. Auteur de la pièce de théâtre “Le Trône royal”, il reçut le Grand Prix de la littérature togolaise en 2020 pour cette œuvre. En 2022, il dédicaça son livre “Crise d’autorité, abus de pouvoir”, une réflexion sur l’autorité et ses abus.
Le parcours de Mgr Nicodème Barrigah-Bénissan
Né le 19 mai 1963 à Ouagadougou, au Burkina Faso, il revint au Togo en 1966 avec sa famille. Il fit ses études primaires à l’école catholique de Nyékonakpoé entre 1967 et 1974. En 1974, il entra au Petit Séminaire Saint Pie X d’Agoè-Nyivé où il poursuivit sa formation religieuse jusqu’en 1981. Il se rendit à Ouidah, au Bénin, pour étudier la philosophie et la théologie au Grand Séminaire Saint Gall jusqu’en 1987.
Le 8 août 1987, il fut ordonné prêtre par Mgr Robert Tonyui Dosseh-Anyron à la Cathédrale Sainte Trinité d’Atakpamé. Après une année de pastorale en tant que vicaire paroissial à la cathédrale de Lomé, il poursuivit ses études en théologie dogmatique à l’Institut Catholique d’Abidjan, en Côte d’Ivoire.
De 1990 à 1993, il étudia l’exégèse au Biblicum avant de se spécialiser en droit canonique et en diplomatie à l’Université Urbanienne et à l’Académie pontificale entre 1993 et 1997. Ces années d’études et de formation ont été le socle de son expertise et de son efficacité pastorale.
Entre 2000 et 2008, Mgr Nicodème Barrigah-Bénissan fut secrétaire et conseiller de la Nonciature au Rwanda, au Salvador, en Côte d’Ivoire et en Israël. Il fut ordonné évêque d’Atakpamé le 9 mars 2008 et y exerça son ministère pendant onze ans et demi avant d’être nommé archevêque de Lomé le 23 novembre 2019.
Sa présidence à la Commission épiscopale Nationale Justice et Paix au sein de la Conférence des évêques du Togo et sa charge de l’apostolat des laïcs témoignent de son engagement envers la justice et la paix. Il présida également en 2009, la Commission vérité, justice et réconciliation (CVJR), mise en place par le gouvernement pour faire la lumière sur les violences politiques au Togo, une mission dont il a transmis les rapports au Président Faure Gnassingbé en 2012.
Grand artisan de la politique de réconciliation au Togo, Mgr Nicodème Barrigah-Bénissan était polyglotte et parlait le français, l’anglais et l’italien. Ses contributions resteront gravées dans les annales de l’histoire togolaise.